Mardi 28 août 2001

Je n'ai pas réussi à donner des nouvelles de la famille depuis que notre beau petit prince est parti ... mais, en gros, nous allons assez bien, grâce à nos filles ! Je voulais qu'elles conservent en leur mémoire le petit Alexandre aimant, drôle, souriant et heureux qu'il a été pendant presque toute sa courte vie .... alors j'ai essayé de les réconforter à chaque moment pour qu'elles n'aient pas peur. Les enfants sont tellement incroyables parfois, si naturels dans tout ce qui peut arriver qu'elles ont réussi à me faire sourire : au centre funéraire, elles avaient apporté les livres favoris d'Alexandre pour les lui lire, se sont disputées, comme d'habitude, pour décider qui allait lire quoi, et ont eu ces mots incroyables « pousse-toi, Karine, il ne peut rien voir !! ». C'est bien pourtant la petite Karine, qui venait d'avoir 6 ans qui prenait la main de son frère entre les siennes pour la réchauffer pour me la passer ensuite (je ne supportais pas de la prendre, toute glacée).
La messe d'enterrement a été très belle, autant que j'aie pu me rendre compte : beaucoup d'enfants de l'école des filles sont venus et ont chanté une chanson qu'Alexandre aimait beaucoup ; des amis, des membres de la famille ont parlé, le prêtre a été si plein de compréhension et de douleur ..... Je n'ai pas pu ouvrir la bouche, juste m'effondrer quelques fois dans les bras des amies qui nous accompagnaient.
Après, au cimetière, nous avons découvert que la tombe juste à côté était celle d'une petite Sarah, morte à la naissance, le 13 juin, alors les filles ont décidé qu'Alexandre allait s'occuper d'elle, lui apprendre à marcher, à conduire des voitures, à dire des gros mots !
Nous avons démarré un cahier dans lequel chacun écrit ses souvenrs, des anecdotes avec Alexandre, tout ce qui a fait notre quotidien de rires, de petits mots, etc. Du coup, j'ai eu le bonheur d'apprendre beaucoup de choses sur les petites « bêtises » qu'il faisait avec ses soeurs (les choses formellement interdites, comme faire du trampoline sur les lits, qui sont donc un véritable délice à réaliser dans la « clandestinité » !), et cela m'a fait chaud au coeur, de l'imaginer avec ces joies fraternelles !
Nous avons passé un peu plus de 5 semaines en Espagne, là où je vais en vacances depuis que j'ai 5 ans, un lieu tapissé de souvenirs heureux, très éloigné de la maladie, de la mort.
Nous avons dispersé une partie des cendres d'Alexandre dans la mer (l'autre partie est dans sa tombe, au cimetière de notre village), un matin très tôt ; l'aube est liée pour nous à la fois au moment de son départ et au symbole de la vie qui recommence, dans la mer qui est notre berceau à tous ... C'est Nathalie, ma fille aînée, qui a ouvert l'urne, avec une cousine, et qui a laissé les cendres s'écouler lentement sur les rochers et dans la mer. Après, nous avons pris un long bain, dans l'eau calme comme un lac, si chaude, si paisible.
La chambre d'Alexandre est maintenant une salle de jeux et d'ordinateur pour ses soeurs ; elle est décorée avec ses jouets, surtout ses voitures ; je souhaite que cette pièce reste vivante ...

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